Tu es connu comme pianiste de jazz, tu as déjà joué à Souillac avec Isabel Sörling et Simon Tailleu, pourquoi la musique classique ?
J’ai commencé à jouer du piano, parce que j’avais quatre ans, autant en reprenant les chansons qu’on apprenait à l’école, que les pièces faciles de musique classique que j’apprenais avec ma professeur de piano. La musique classique a façonné en grande partie en jeu, et construit mon imaginaire. Lorsque j’ai découvert le jazz adolescent, cela a été une révélation, probablement grâce a l’improvisation et aux terrains de jeu infinis que cette musique procure.
Mais les liens entre les ces deux styles de musique sont poreux, et il ne faut pas oublier qu’il y avait une grande tradition d’improvisation également dans la musique classique jusqu’au début du XXe siècle.
Est-ce que les « compositions » de Beethoven peuvent devenir des standards de jazz ?
Je dirais, oui, parfaitement ! Le travail préliminaire est de saisir l’essence, et la structure des mélodies et pièces musicales de Beethoven. Revenir au squelette du morceau : la mélodie, et la structure harmonique, comme un standard de jazz. Ensuite, une réflexion est nécessaire quant à la place de l’improvisation, et la nouvelle forme que chaque morceau peut revêtir. Beethoven était un génie de la forme, du mystère, du silence. Il était important pour moi de garder à l’esprit. C’est des éléments essentiels de cette musique.
Détricoter, re-tricoter des thèmes comme le fait Martial Solal, est-ce une des définitions du jazz ?
Oui, parfaitement. Il y a de nombreuses manière d’aborder l’improvisation à partir d’un texte existant. Pour ma part, je l’aborde souvent comme un thème et variations.
Parles-nous de « Full Solo » que tu interpréteras à Souillac dans la cadre de la saison d’hiver du théâtre de l’usine de St-Céré le samedi 13 mai.
Ce disque est l’aboutissement d’une création que j’ai donné en janvier 2020 à la Folle Journée de Nantes, grand festival incontournable de musique classique qui a lieu chaque année. Le thème était Beethoven, puisqu’on célébrait cette année-là les 250 ans de sa naissance. Comme vous le savez, le confinement a stoppé nos activités scéniques.
J’ai profité de cette grande pause, pour peaufiner le répertoire, et ainsi enregistrer l’album de cette création, mêlant, arrangements de grands thèmes de Beethoven, ainsi que des compositions Iiées à certains moments de sa vie, ou à des quartiers de Vienne dans lesquels il a vécu. J’ai eu l’occasion de séjourner à Vienne quelques jours pour m’en inspirer.
Tu reviendras à Souillac pour le 47e festival le 21 juillet avec le quartet de Géraldine Laurent et son invité Médéric Collignon, comment passe-t-on de Beethoven aux compositions de Géraldine ou à la voix de Médo ?
Le terrain de jeu est à chaque fois différent, mais l’esprit est toujours le même ! Rester vif, à l’écoute, et libre d’interagir selon le contexte pour servir au mieux la musique qui est en train de se dérouler à l’instant T.
Je vais m’entretenir avec Géraldine bientôt, parles-nous d’elle et de « Cooking » son projet ?
J’ai la chance de jouer avec Géraldine depuis une dizaine d’années maintenant. On a une belle complicité, c’est une musicienne hors-pair, d’un grand lyrisme, d’une grande exigence et d’une grande fantaisie, ce qui est la marque des artistes que j’estime beaucoup.
À chaque fois, c’est différent, d’une grande fraîcheur, elle a une grande audace, et c’est ce que j’aime par-dessus tout. Le répertoire de cooking reflète très bien ces caractéristiques. Elle nous laisse une grande part de liberté, à la confiance aux musiciens du groupe. Ce qui permet à chacun de s’exprimer, de proposer une musique puissante et profonde.
Par ailleurs, nous commençons un nouveau programme en duo autour de la musique de Jobim. Nous avons hâte de le faire découvrir !
En te remerciant d’avance, au plaisir de te revoir à Souillac … 2 fois puisqu’ensuite tu viens avec Géraldine le 20 juillet !